La maladie de Lapeyronie est-elle une urgence ?

Je suis le Dr Sébastien Beley, chirurgien urologue à Paris, et aujourd’hui, je souhaite aborder une question cruciale autour de la maladie de Lapeyronie : faut-il considérer cette pathologie comme une urgence médicale ? Beaucoup d’idées reçues circulent encore autour de cette affection, et il est important de clarifier les choses pour mieux orienter les patients et les professionnels de santé. Dans cet article, je vais vous expliquer pourquoi la maladie de Lapeyronie ne doit pas être prise à la légère, pourquoi un traitement précoce est essentiel, et comment agir pour limiter ses conséquences.

Qu’est-ce que la maladie de Lapeyronie ?

La maladie de Lapeyronie est une affection caractérisée par la formation de plaques fibreuses au sein du tissu érectile du pénis, entraînant une déformation, souvent une courbure, qui peut être douloureuse et gênante lors des rapports sexuels. Elle peut aussi engendrer une perte de longueur du pénis, des troubles de l’érection, voire une gêne psychologique importante chez les patients concernés.

Contrairement à certaines croyances, elle ne touche pas uniquement les hommes âgés. Elle peut survenir à tout âge adulte et nécessite une attention particulière dès les premiers symptômes.

Les idées reçues sur la maladie de Lapeyronie

Malheureusement, de nombreuses idées fausses persistent à propos de cette maladie :

  • On ne connaît pas bien la maladie : Bien que la maladie de Lapeyronie soit encore mal comprise dans certains aspects, la recherche et la pratique médicale ont considérablement évolué. Nous savons désormais mieux comment la diagnostiquer et la traiter.
  • Elle ne peut pas être traitée : C’est faux. Il existe aujourd’hui plusieurs options thérapeutiques, notamment lorsqu’elles sont mises en place rapidement.
  • Elle ne concerne que les personnes âgées : Cette affirmation est erronée. La maladie peut toucher des hommes jeunes ou d’âge moyen.
  • On peut attendre avant de traiter : Beaucoup pensent qu’il faut laisser la maladie évoluer avant d’intervenir, ce qui est une erreur majeure.

Une autre idée reçue fréquente est celle du traitement à base de vitamine E, souvent prescrite de manière systématique avec un suivi à long terme sans intervention rapide. Pourtant, la vitamine E a montré peu d’efficacité scientifiquement, et attendre sans agir peut aggraver la situation.

Pourquoi la maladie de Lapeyronie doit-elle être prise en urgence ?

La maladie de Lapeyronie débute par une phase inflammatoire active. C’est à ce stade que la prise en charge est la plus efficace. Pendant cette phase, la plaque fibreuse est en formation et la déformation évolue, souvent accompagnée de douleurs et de sensations inhabituelles (fourmillements, paresthésies).

Agir tôt permet de :

  • Limiter l’inflammation initiale qui est à l’origine de la maladie.
  • Empêcher l’aggravation de la déformation du pénis.
  • Mettre en place des traitements qui peuvent réduire la courbure et préserver la fonction érectile.
  • Éviter une perte excessive de longueur du pénis.

En d’autres termes, ce n’est pas une maladie à « laisser passer » en espérant que les symptômes s’améliorent spontanément. Plus on attend, plus la plaque se stabilise et devient difficile à traiter sans intervention chirurgicale.

Une analogie avec la prise en charge des infarctus

Pour illustrer ce point, on peut faire un parallèle avec la prise en charge des infarctus du myocarde. Il y a quelques décennies, lorsqu’un patient faisait un infarctus, on attendait que le tissu cardiaque meure avant d’envisager une intervention chirurgicale. Aujourd’hui, grâce à la médecine moderne, les secours interviennent rapidement (avec le SAMU), permettant de limiter les dégâts au muscle cardiaque, grâce à des traitements d’urgence comme la pose de stents.

De la même manière, la maladie de Lapeyronie nécessite une prise en charge rapide pour limiter les dégâts. Or, trop souvent, encore aujourd’hui, on conseille aux patients d’attendre un an avant d’envisager un traitement, ce qui revient à laisser la maladie évoluer sans agir.

Quels sont les traitements possibles en phase aiguë ?

Lorsque la maladie est détectée précocement, plusieurs options thérapeutiques peuvent être mises en place :

Traitement anti-inflammatoire

Le premier objectif est de calmer l’inflammation initiale. Cela peut passer par des médicaments anti-inflammatoires pour stopper la réaction inflammatoire qui déclenche la formation de la plaque. Cette étape est cruciale pour limiter la progression de la maladie.

Traitements mécaniques : les dispositifs de traction

Les dispositifs de traction pénienne sont également très utiles. Ils permettent d’exercer une tension sur le pénis, ce qui aide à limiter la déformation et peut même permettre de récupérer, partiellement ou totalement, la forme initiale du pénis.

Ces traitements mécaniques sont à utiliser précocement, dès que la maladie est détectée, afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles.

Autres options thérapeutiques

En fonction de l’évolution et de la sévérité, d’autres traitements médicaux peuvent être proposés, comme les injections intraplaques (collagénase par exemple), qui peuvent aider à dissoudre les plaques fibreuses. Ces traitements sont plus efficaces lorsqu’ils sont utilisés dans la phase active de la maladie.

La chirurgie : un dernier recours, mais pas la seule option

Il est important de comprendre que la chirurgie n’est pas la seule voie thérapeutique et qu’elle ne doit pas être envisagée systématiquement. Traditionnellement, la chirurgie était considérée comme le seul traitement possible, mais uniquement une fois la maladie stabilisée, c’est-à-dire lorsque la déformation ne progresse plus.

Cette approche a conduit à un retard important dans la prise en charge, car on attendait la fin de la phase évolutive pour opérer. Or, cela signifie que la maladie a eu tout le temps de causer des dommages parfois irréversibles.

Aujourd’hui, la chirurgie reste une option pour les cas stabilisés et sévères, mais elle intervient après que les traitements précoces ont été tentés. L’objectif de la chirurgie est de restaurer une forme fonctionnelle et acceptable du pénis, en minimisant la perte de longueur et en corrigeant la courbure.

Quels objectifs viser dans la prise en charge ?

Lorsque l’on prend en charge la maladie de Lapeyronie, les objectifs principaux sont :

  • Limiter la douleur et les gênes liées à la déformation.
  • Retrouver un pénis fonctionnel, permettant des rapports sexuels satisfaisants.
  • Obtenir une forme qui ne surprenne pas ni ne gêne le patient ni son partenaire.
  • Préserver au maximum la longueur du pénis.

Ces objectifs sont réalistes, mais ils nécessitent une intervention rapide et adaptée.

Que faire si vous pensez être atteint d’une maladie de Lapeyronie ?

Si vous avez remarqué une douleur au niveau du pénis, une déformation qui évolue, ou des sensations inhabituelles comme des fourmillements ou des paresthésies, surtout après un traumatisme ou un choc, il est essentiel de consulter rapidement un urologue spécialisé.

Ne perdez pas de temps en vous disant que cela va passer ou que vous pouvez attendre un an avant de consulter. Plus la prise en charge est précoce, meilleures sont les chances de limiter les dégâts et d’éviter des complications plus graves.

Et pour les cas anciens ?

Si votre maladie de Lapeyronie est installée depuis plusieurs années, ne désespérez pas. Même dans ces cas, il est possible d’améliorer la situation. Je vous encourage vivement à consulter un urologue pour évaluer les options thérapeutiques adaptées à votre situation.

La maladie de Lapeyronie n’est donc pas une fatalité, mais une pathologie qui nécessite un suivi spécialisé et une prise en charge personnalisée.

Conclusion : ne laissez pas la maladie de Lapeyronie évoluer sans agir

En résumé, la maladie de Lapeyronie est bel et bien une urgence médicale, à condition d’être diagnostiquée tôt. La phase inflammatoire initiale est la fenêtre d’opportunité pour agir efficacement, limiter la déformation, réduire la douleur, et préserver la fonction sexuelle.

Il est temps de dépasser les idées reçues et de ne plus se contenter de dire aux patients de prendre de la vitamine E et de revenir dans un an. La médecine moderne permet aujourd’hui d’intervenir rapidement, avec des traitements médicaux et mécaniques efficaces.

Si vous suspectez une maladie de Lapeyronie, n’attendez pas. Consultez un urologue spécialisé qui saura vous orienter vers la meilleure prise en charge possible, adaptée à votre état et à votre évolution.

Ne laissez pas la maladie de Lapeyronie dicter votre vie sexuelle et votre confiance en vous. La prise en charge précoce est la clé pour retrouver une vie sexuelle épanouie et un pénis fonctionnel.

Pour toute question ou pour prendre rendez-vous, n’hésitez pas à contacter un spécialiste. La santé sexuelle est un pilier essentiel du bien-être global.

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