Je suis le Dr Sébastien Beley, chirurgien urologue et andrologue basé à Paris. Dans cet article, je vais vous expliquer en détail les possibilités d’installation d’un implant pénien chez les patients qui ont déjà un sphincter artificiel. Ce sujet est particulièrement important pour les hommes confrontés à des troubles urinaires et érectiles sévères, notamment suite à une chirurgie de la prostate ou un traitement du cancer de la prostate.
Comprendre les dispositifs : implant pénien et sphincter artificiel
Avant d’aborder la question de la cohabitation entre un implant pénien et un sphincter artificiel, il est essentiel de comprendre à quoi servent ces deux dispositifs médicaux.
- Sphincter artificiel : Ce dispositif est principalement utilisé pour traiter l’incontinence urinaire, souvent après une opération de la prostate. Il agit comme un anneau qui entoure l’urètre et permet de contrôler la sortie de l’urine.
- Implant pénien : Ce dispositif est destiné à traiter les troubles sévères de l’érection qui ne répondent pas aux traitements médicamenteux classiques. L’implant permet de restaurer la fonction érectile en insérant des cylindres dans les corps caverneux du pénis.
Est-il possible d’installer un implant pénien et un sphincter artificiel chez le même patient ?
La réponse est oui, il est tout à fait possible d’avoir les deux dispositifs. Cependant, la manière et le timing de leur installation sont cruciaux pour minimiser les risques et optimiser les résultats.
Option 1 : Installation simultanée des deux dispositifs
Il est envisageable de poser l’implant pénien et le sphincter artificiel lors d’une même intervention chirurgicale. Cette approche peut sembler pratique, notamment pour les patients qui doivent voyager loin pour se faire opérer et qui souhaitent limiter le nombre d’interventions.
Cependant, cette option présente plusieurs inconvénients :
- Oedème important : Après l’opération, un gonflement significatif (œdème) peut se développer dans les bourses et le pénis, rendant difficile l’activation des dispositifs.
- Difficultés fonctionnelles : L’œdème peut provoquer l’adhérence des pompes entre elles ou leur contact douloureux avec les testicules, ce qui complique leur manipulation.
- Risque accru de rétention urinaire aiguë : Ce problème peut survenir plus fréquemment avec une procédure combinée.
- Risque plus élevé d’infection : La complexité accrue de la chirurgie peut augmenter ce risque.
En raison de ces facteurs, je déconseille généralement cette méthode, sauf dans des cas très spécifiques, comme chez des patients devant absolument limiter leurs interventions à une seule phase.
Option 2 : Installation en deux temps
La méthode que je recommande est de procéder en deux temps, en espaçant les interventions pour permettre une meilleure cicatrisation et adaptation des tissus.
Deux scénarios sont possibles :
- Implant pénien après sphincter artificiel : Si vous avez déjà un sphincter artificiel, il faut attendre au moins trois mois avant d’installer l’implant pénien. Ce délai permet la formation d’une pseudocapsule autour du manchon du sphincter, une nouvelle couche de tissu qui protège le sphincter contre la compression externe exercée par les cylindres de l’implant.
- Implant pénien avant sphincter artificiel : Si vous n’avez encore aucun des deux dispositifs, je conseille de commencer par l’implant pénien. Cette stratégie vise à préserver la longueur et le volume du pénis, car l’absence prolongée d’érection (souvent inévitable après la pose d’un sphincter) peut entraîner une rétraction pénienne.
Pourquoi poser l’implant pénien en premier ?
La pose d’un implant pénien en amont de celle du sphincter artificiel est une stratégie préventive importante.
En effet, l’installation du sphincter nécessite un temps de cicatrisation prolongé, souvent plusieurs mois, pendant lesquels le patient ne bénéficiera pas d’érections naturelles ni d’un implant. Cette période d’inactivité sexuelle peut entraîner une rétraction progressive du pénis, diminuant ainsi sa longueur et son volume.
De plus, la chirurgie du sphincter, surtout lorsqu’elle est réalisée par voie transcaverneuse (c’est-à-dire autour de l’urètre qui passe à l’intérieur des corps caverneux), peut elle-même favoriser cette rétraction.
Par conséquent, commencer par l’implant pénien permet de maintenir la structure et la fonction du pénis. Même si l’implant ne sera pas immédiatement utilisé à cause de l’incontinence, il joue un rôle clé dans la préservation de la qualité de vie sexuelle.
Précautions techniques lors de la pose de l’implant pénien après un sphincter artificiel
Lorsque l’implant pénien est posé après la mise en place du sphincter, il est essentiel de minimiser la pression exercée par les cylindres de l’implant sur le manchon du sphincter. En effet, une compression trop forte pourrait provoquer une érosion du sphincter au niveau de l’urètre, entraînant des complications graves.
Pour cela, je recommande :
- Utiliser des cylindres non hydrauliques au niveau du sphincter, afin de réduire le volume et la pression.
- Employer les extensions les plus fines possibles pour limiter la compression externe.
Ces précautions techniques permettent de préserver l’intégrité du sphincter tout en offrant une fonction érectile restaurée grâce à l’implant.
Quels sont les risques associés à la combinaison des deux dispositifs ?
La coexistence d’un implant pénien et d’un sphincter artificiel n’est pas sans risques, et il est important d’en être conscient :
- Œdème postopératoire : Comme évoqué précédemment, la pose simultanée peut entraîner un gonflement marqué, gênant l’usage des dispositifs.
- Douleurs liées à l’adhérence des pompes : Les pompes de l’implant et du sphincter peuvent coller entre elles ou aux testicules, provoquant des douleurs lors de leur manipulation.
- Risque d’infection : Une chirurgie plus complexe augmente ce risque, ce qui peut compromettre la réussite des implants.
- Risque d’érosion : Une pression excessive des cylindres sur le sphincter peut entraîner une érosion urétrale.
Ces risques renforcent la nécessité de bien planifier le calendrier chirurgical et d’adopter des techniques adaptées.
Conseils pour les patients envisageant un implant pénien et un sphincter artificiel
Si vous êtes dans une situation où vous devez envisager la pose de ces dispositifs, voici mes recommandations :
- Ne pas hésiter à discuter avec votre urologue : Chaque cas est unique. Votre médecin pourra vous conseiller la meilleure stratégie adaptée à votre situation.
- Privilégier la pose en deux temps : Cela minimise les complications et optimise la récupération.
- Commencer par l’implant pénien si vous n’avez aucun dispositif : Cela aide à préserver la longueur et le volume du pénis.
- Respecter un délai d’au moins 3 mois après la pose du sphincter avant l’implant : Pour assurer une bonne cicatrisation et protéger le sphincter.
- Choisir des implants adaptés : Cylindres fins et non hydrauliques au niveau du sphincter pour limiter les risques.
Conclusion : optimiser la continence et la qualité de vie sexuelle
En résumé, il est tout à fait possible pour un patient de porter un implant pénien et un sphincter artificiel. La clé du succès réside dans la planification rigoureuse de la prise en charge chirurgicale.
La pose simultanée des deux dispositifs peut être envisagée dans des cas très spécifiques, mais elle comporte des risques importants d’œdème, de douleurs, et d’infections. Je privilégie donc une approche en deux temps, avec une préférence pour débuter par l’implant pénien afin de préserver la structure du pénis et éviter sa rétraction.
Si le sphincter est déjà en place, un délai minimum de trois mois est indispensable avant de poser l’implant pour garantir une cicatrisation optimale et protéger le sphincter des pressions extérieures.
Cette stratégie vise à optimiser à la fois votre continence urinaire et votre qualité de vie sexuelle, deux dimensions essentielles pour votre bien-être global.
Pour en savoir plus sur la santé sexuelle masculine, les troubles de l’érection, ou les traitements urologiques avancés, n’hésitez pas à consulter mes autres articles et ressources. Prendre soin de votre santé est le premier pas vers une vie épanouie.